J’aurais voulu être un trader, mais je suis une star de la pub.

Finalement j’aurais du faire banquier ou trader. N’ayant dans ce domaine aucunes compétences particulières, j’avais toutes mes chances. J’aurais fait mes placements, mes prévisions, lancés mes ordres de ventes ou d’achats en consultant l’horoscope du matin dans l’un de ces magazines quelconque où l’on compte plus de pubs que d’articles.

A mes clients, j’aurais justifié mes choix par de grandes déclarations dithyrambiques, mêlant langage technique incompréhensible aux communs des mortels et incantations magiques tirées de l’une des nombreuses théories économiques créer par l’un de ces nombreux fameux experts qui posent sur les plateaux télés des regards condescendants sur le public et sur le téléspectateur forcément ébloui par tant de sagesse, de connaissances, de prophéties justes, pleines de promesses de lendemains qui chantent et surtout sans appel.

Que je gagne ou perde cela n’aucune importance. Entre temps je me serais fortement enrichi personnellement. Et les états incapables de laisser s’effondrer ce système et en mettre un meilleur en place, mutualiseraient mes pertes. Des états incapables de prendre de véritables sanctions contre moi, car leurs dirigeants sont encore convaincus et parti-prenants à titre personnel, du bien fondé de ces théories économiques qui les ont menées au bord, ou plus loin sans doute, du gouffre.

Si tout repart, avec de soi-disant nouvelles règles, de la moralisation, peut-être même des législations, je les contournerais, m’en essuyerais le derrière comme avec ma feuille d’impôt, dès que j’en aurais trouvé les moyens et recommencerais mon numéro de voyance. Je continuerais à m’enrichir et enrichir quelques beaux salauds au passage et ruinerais encore les états, les téléspectateurs éblouis par mes visions à géométrie variable. Eux, qui ne souhaitent avoir que de bons souvenirs, auront oublié et réinvestiront dans le même système. J’aurais peut-être changé de dénomination et me serait camouflé dans des tenues moins voyantes. Mais je serais le même, celui qui a ruiné leurs pères, ruiné leurs grand-pères avec les emprunts russes. Le même que mes chers ancêtres qui nous ont fait la grande dépression en 1873. Qui en 1929 ont permis l’arrivée au pouvoir, de Franco, de mussolini, d’hitlers et finalement laisser le champ libre à des fous sanguinaires à travers le monde comme Staline, Pol Pot, Mao, etc… Aucune importance, la guerre, c’est bon pour les affaires.

Si tout s’effondre, moi je suis à l’abri financièrement, contrairement à tous ces milliards d’imbéciles qui ont préférés être dans les classes moyennes, les petits épargnants, les prolétaires, les travailleurs, les chômeurs, les esclaves du système. Pour la galerie, on fera quelques beaux procès fleuves de quelques obscurs ambitieux, trop content d’être enfin dans la lumière, même pour de mauvaises raisons (Kerviel). Au pire, on fera sauter un ou deux grands boss (Madoff), de préférence ceux que mes amis et moi pourront dépouiller. Mais pour ceux de l’ombre, les décideurs, les vrais traders, pour moi, pour ce système qui m’a tant donné, rien d’autres que de vagues intentions, quelques réprimandes publiques, quelques consciences en apparence choquées (Parisot).

Vous en doutez, et pourtant jarrive ancore à me payer votre tête dans un spot pour une voiture. Pour ce secteur automobile que je viens de mettre à genoux. Moi personnellement ça ne me touche pas. Je ne suis pas près de rouler dans une caisse aussi minable et j’ai encore largement de quoi faire le plein, même pour un aller-retour terre-lune.

P.S. : en bref ; on nous parle de dérive du capitalisme financier malsain opposé au capitalisme industriel qui serait sain, lui. Pourtant, à la tête des ces deux capitalismes, qui n’en sont qu’un, ce sont les mêmes personnes, les mêmes fonds d’investissements, les mêmes personnes siégeant au conseil d’administration. Pourtant les banques qui financent sont les mêmes, soit par l’intermédiaire de filiale, ou de prise de participations et donc de sièges de décisions dans les conseils d’administration. Pourtant les assurances qui couvrent les risquent (mais pas trop) sont les mêmes et pour les mêmes raisons que précédemment.

Re P.S.: je précise que je ne sui pas trader et que cet article est écrit au second degré. Alors pour ceux qui croirait que je suis ce que je décris dans cet article, merci de ne pas trop m’éreinter dans les commentaires, vous vous tromperiez de cible. Merci

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